Vous souvenez-vous de ce jeu auquel nous jouions enfant ?
"P... A... Pas de doute. Il manquait le T. Du bout de la cuiller, il fallait partir à la recherche de la lettre manquante, au milieu de la soupe aux poireaux. Tous les soirs d'hiver, on se retrouvait à jouer aux chiffres et aux lettres, sur le bord de l'assiette. Sous le regard vigilant de nos mères, ravies d'avoir trouvé ce subterfuge pour nous faire avaler notre potage."
Martine Orange pour Le Monde. 26 Août 1998: L'alphabet de Rivoire et Carret.
Les propos de Martine Orange font écho aux souvenirs de Bernard Chapuis et Ermine Herscher, qui dans leur ouvrage, Qualité: Objets d'en France, introduisent ainsi l'article consacré au merveilleux subterfuge de nos mères.
"Dans la panoplie des brimades gastronomiques infligées à heures fixes (et après s'être lavé les mains), les mères attentionnées avaient le choix entre le foie de veau ou les endives, le chou-fleur ou la cervelle. Mais il existait une torture beaucoup plus raffinée, qui tout à la fois récapitulait une semaine de goûts médiocres et retapait le potage de la veille: c'était le tapioca, dont les particules transparentes sont tombées en désuétude. Heureusement venait le lendemain, moins cruel et plus encyclopédique, c'était le jour des pâtes alphabet. Nageant dans le bouillon ou la soupe, les vingt-six lettres réjouissaient les potaches. Les plus grands des enfants cherchaient au fond de l'assiette, pour les étaler sur le bord, les lettres qui serviraient à écrire des gros mots pour faire rire les petits. Les plus énormes n'étaient que des ariettes, tels popotin ou taratata. La pâte à alphabet a sans contexte toujours été signée Rivoire et Carret."
Et pourtant impossible de trouver la trace historique de ces pâtes alphabet chez Rivoire et Carret. Il y a bien les pâtes à potage ou le vermicelle fin, mais impossible de trouver un visuel ancien de l'alphabet.